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THE NOMAD CENTER FOR COUNSELING
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Et soudain tout s’arrête – Vivre un deuil en expatriation

11/13/2022

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​L’annonce du décès d’un proche est une profonde remise en question de l’idée de la vie dans sa globalité. Alors que l’expatrié a déjà chamboulé ses repères environnementaux, se remettant en cause personnellement dans sa place dans la société, vivre un deuil est une irruption qui le bouscule encore plus profondément jusque dans sa raison d’être.

Le processus de deuil est un tsunami complexe. Il passe par différentes phases allant d’un état de détresse initial, à une dépression passagère, puis enfin une réadaptation à la vie.

Vivre un deuil: Dans un premier temps vient le choc de l'annonce
Qu’il soit anticipé par un pronostic envisagé dans le cadre d’une maladie ou plus encore s’il est soudain et inattendu, l’annonce du décès est un véritable coup de massue. Il renvoie aux notions d’inconcevable et d’irrémédiable. Du « ce n’est pas possible », comme un déni d’une réalité inenvisageable, suit un « ce n’est pas juste » où colère et culpabilité l’emportent. Des peurs et des angoisses avec hyper vigilance face à tout éventuel danger rappelle combien l’existence est fragile et temporaire.
Le survivant entre dans une phase d’abattement où il perd toute notion de plaisir et d’envie. « A quoi bon ? » puisque tout s’arrête… La tristesse renforce un fatalisme face à une vie si terriblement décevante et douloureuse.
Et puis, des bourgeons d’espoirs reprennent peu à peu. Il peut y avoir d’autres contentements ailleurs que dans l’absence laissée par l’être cher. En renonçant à l’illusion de retrouver l’être aimé et de pouvoir partager à nouveau les mêmes instants de joie, il est possible de se reconnecter à d’autres espaces de vie. Un déplacement d’investissement s’effectue.
On ne remplace pas celui qui est parti, on trouve d’autres sources de bonheur. L’acceptation du décès passe par une réadaptation à la vie qui prend forme lentement, accompagnée d’une quête d’un autre sens de son existence. Une perception de soi et des choses se modifie. « Je ne suis plus le même, ça m’a changé ». C’est un retour à la vie où le passé retrouve une place modérée au profit d’un présent et d’un futur porteur d’autres espoirs. La vie reprend le dessus.

Pour l'expatrié, d'autres défis interviennent dans le processus complexe de vivre un deuil
Il doit prendre des décisions dans l’urgence. A l’annonce d’un risque de décès imminent d’un proche dans son pays d’origine, il peut être tiraillé par le dilemme de rentrer toute affaire cessante ou attendre encore un peu. La famille hésite également à prévenir celui qui vit si loin. Il s’agit d’un pari sur une issue incertaine qui peut être lourde de conséquences.
A la souffrance du deuil, s’ajoute le poids des regrets de n’avoir pas pu faire ses adieux et d’être arrivé trop tard. L’expatrié peut se sentir non seulement coupable de son éloignement et d’avoir été absent dans la vie ; il porte dorénavant le poids de n’avoir pas pu être présent lors du passage à trépas.
D’autres décisions doivent être également prises lorsque celui qui décède ; adulte ou enfant, est en expatriation. C’est dans un contexte de choc émotionnel important que le choix du lieu d’incinération (enterrement à l'étranger ou pas) et l’organisation des cérémonies s’effectuent. Des commémorations peuvent symboliquement avoir lieu à différents endroits, là où le défunt vivait à l’étranger, et là où sont ancrées ses origines familiales.
La famille peut également être amenée à décider si elle poursuit son séjour à l’étranger et dans quelle mesure cela est matériellement réalisable, financièrement et administrativement. La cellule familiale, parfois soudée par l’éloignement, peut alors exploser, partagée entre ceux qui décident de rentrer au pays et ceux qui restent.

Le rôle des proches est indispensable.
A l’étranger, le réseau relationnel est un support essentiel lorsque le décès provoque une profonde confusion et la perte de tous les repères. Une sévère dépression peut alterner tout discernement jusqu’à toucher les besoins les plus basiques.
Heureusement, une solidarité entre expatriés mais également avec les locaux permet à la famille en deuil de trouver un support nécessaire pour réussir à rebondir. Que ce soit matériellement par la prise en charge temporaire des repas, logistiquement par une aide financière et administrative, affectivement par une présence empathique faite d’écoute, de patience et de compréhension, l’endeuillé retrouve peu à peu une force en soi pour sortir de cette phase de régression naturelle et se reprendre en main.
Parfois le désarroi est trop fort ou s’installe si longtemps que l’endeuillé peine à retrouver goût à la vie. Un soutien par un professionnel est alors nécessaire pour réussir à extérioriser ce qui est bloqué et empêche d’avancer. Les pensées, les sentiments et les émotions sont alors mises en mots.

Lorsque la poursuite de la vie à l'étranger est remise en cause
Les ambitions professionnelles, financières ou culturelles peuvent perdre leur attrait au profit d’autres investissements. Certains ressentent le besoin de se ressourcer au sein de la cellule familiale et de se reconnecter avec ses racines.
D’autres à l’inverse poursuivent activement la réalisation des projets initiaux. Entre repli sur soi et fuite en avant, un équilibre personnel est à trouver et à construire, ce qui prend du temps, de l’énergie et du courage.
Vivre un deuil permet également à certains de découvrir des ressources en soi insoupçonnées et d’élaborer de nouveaux projets pour soi et pour la famille. D’un décès peut émerger une reconstruction.

​L’expatrié qui avait déjà expérimenté l’absence et l’éloignement doit réussir à surmonter l’épreuve d’un au-revoir transformé en adieu pour poursuivre son cheminement. 
La mort qui a fait irruption dans la vie la transforme alors sans l’anéantir. Il s’agit de continuer sa route avec la présence paradoxale de l’absence. Même ailleurs, même avec le manque, la vie continue.

Magdalena Zilveti Manasson
Publié sur Femmexpat, 1e Octobre 2022


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The impact of technostress in our nomadic lives

11/13/2022

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How new technologies are affecting the mental health of expats

Our experiences of living abroad have radically changed with new technologies. New forms of communication have emerged, thanks to the rise of the Internet and messaging applications. They allow us to connect to a wider world outside of our immediate environment and offer a multitude of possibilities for expatriates, both at a relational and professional level. Progress in terms of access to information and communication is, however, associated with an increase in anxiety induced by this same technological development. “Technostress” and “social media blues” are impacting everyone, and more specifically people who have chosen to live in another country.

A distance and a departure charged with ambiguity

Thanks to social networks and communication software it has become possible to stay in constant contact with family and friends. Physical distances no longer means losing touch with one's social and family environment. We can continue to attend live events taking place miles away from us. We can exchange photos and videos, and even play online, regardless of where we live. Living abroad no longer means being absent and excluded from family and friends. The expatriate remains reachable and available to communicate via mail, texting, videocalls, sometimes even more so than when they were living in proximity to each other.

If separation between the near and far has become blurred with the rise of the Internet, the one that dissociates private and public spaces has become just as porous. The external world has penetrated the private world, and the intimate can now be exposed to everyone. Before even settling in a new country, it is now possible to learn about its culture and to establish first contacts with the locals. It is now easy to share with everyone aspects of daily life and international experiences through “posts” and blogs. The exploration of one’s future home can be anticipated upstream, the place left no longer corresponds to a lost place, and the new living environment is easily shared with those who are not there.


Virtual reality in the professional world

Professional activities are also impacted by remote work. Virtual jobs are very popular with nomadic communities, with a greater boom since the lockdown due to the Covid-19 pandemic. They allow flexible and adaptable logistics, regardless of a defined geographical location, requiring above all a good internet connection. Meetings are now easily conducted virtually, with speakers possibly scattered all around the world. Even recruitment no longer necessarily requires the physical presence of applicants, which facilitates international job searches. But the professional world interfering with the intimate and private sphere increases the difficulty of separating work time and leisure time, which makes work commitments impinge into the private sphere, creating tensions and diffusing boundaries.

The emergence of the "metaverse" and immersive technologies allowing several participants scattered in different regions of the world to be simultaneously present in a virtual space, puts in question the need for expatriation at all. The dematerialization of the professional space certainly allows for savings and flexibility, but it may interfere even more with employees’ personal space if they are stuck in teleworking, limiting their real social interactions and increasing isolation. It also increases the risk of cyberbullying and computer viruses. The “2022 Expat Communication barometer” survey raised a relevant question regarding the interest of expatriation since virtual work has become so popular. The survey results conveyed that a strong majority of expats still believed the benefits of living abroad mostly outweighed the convenience afforded by the expansion of the virtual workspace.  


Technostress

Despite new technologies benefits, a feeling of inadequacy with the digital world is emerging at the same time, and not only for older generations who sometimes feel overwhelmed, even excluded by it. The technostress term appeared in the 80s to define the anxiety caused by the inability to cope with new computer technologies. Technostress is caused by techno-overload, techno-invasion, techno-complexity, techno-insecurity, and techno-uncertainty. Techno-overload comes from the increasingly pressure of computerized tools in our daily lives. Techno-invasion is linked to the obligation to constantly adapt and be available, whether we like it or not. Techno-complexity arises from the pressure to keep-up with novelties and updates. Techno-insecurity arises from doubts about our abilities to adapt to the increasing technical requirements. Finally, techno-uncertainty reflects the fear of the unknown regarding future technological progress. In addition to computer skills requirements, the inability to differentiate the true from the false in the content of the messages, as well as the flood of information received daily, further fuel stress and anxiety.

The illusion of being everywhere at once

Although the digital world makes it possible to maintain contacts both here and there, it also feed the fantasy of simultaneity. The risk of living in different time zones can quickly become exhausting for expats and can hamper sleep quality. Overconsumption of social networks risks over-engaging people in the digital world instead of allowing them to invest in their new living physical reality. Discovering a new country can be scary. Dealing with linguistic awkwardness and difficulties in understanding a new culture and a new language can be discouraging and frustrating. Getting used to new customs, new ways of doing and being can be exhausting. But maintaining the illusion of control over one's daily life, even digital, can hinder social integration and sabotage a migratory experience that offers the potential for personal development and resilience.

FOMO (Fear of Missing Out); the anxiety of missing something important, and "doom scrolling", this way of scrolling on the screen indefinitely in the hope of finding enticing information, can also have harmful effects on mental health, activating the production of stress hormones. Alerts and notifications from social media also stimulate the brain while exhausting it, providing dopamine boosts that are both pleasurable and frustrating, stirring an insatiable drive for excitement.

Social media blues

The massive use of social networking platforms has become a medium for socialization, yet a gap can arise between those who post and those who watch. The images presented, often idealized, can induce pride and pleasure for those who expose themselves, admiration, and envy in those who observe. A feeling of emptiness, incompleteness, loss of meaning, even despair can arise from the glitter of a publication full of glamour, contrasting with the ordinariness of real life. Expatriates publishing images of breathtaking landscapes, testifying of picturesque and extraordinary local lives, can distance themselves from the more complex reality of their experience, exposing it only in a partial way. As a result, potential life crises (loss of job, illness, bereavement, separations, etc.) can cause shame, loneliness, and feelings of failure, and may not be portrayed as much in the social media sphere.

How to fight technostress?
In order not to get lost in an excess of virtual presence, several behaviors are to be valued. First, it is important to limit excessive use of cell phone and social networks. For example, removing the phone from the bedroom at night, not checking emails at the dinner table, or removing sound alerts from applications, allow to maintain chosen unavailability and offline deliberate times. Secondly, favoring activities outside from home, whether to discover new surroundings or to build local real social interactions, allow to activate all the senses and not just the visual ones used during screen time. Even at home, getting involved in creative and/or manual activities allows one to use their imagination experientially. Finally, asking and questioning the place given to technological tools in our daily lives makes it possible to differentiate between positive technology that makes life easier, and alienating technology that ultimately turns out to be harmful to our mental health.

Magdalena Zilveti Manasson & Josee Graybill
​November 2022

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L’impact du technostress dans nos vies nomades

10/25/2022

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Comment les nouvelles technologies touchent la santé mentale des expatriés

Les nouvelles technologies ont radicalement changé nos expériences de vie à l’étranger. Les nouvelles formes de communication apparues grâce à l’essor d’internet et des applications de messagerie nous permettent de nous connecter à un monde plus vaste que celui de l’environnement proche, offrant une multitude de possibilités pour les expatriés, tant au niveau relationnel que professionnel. Les progrès en termes d’accès à l’information et à la communication s’associent toutefois à une hausse de l’anxiété induite par cette même évolution technologique. « Technostress » et « Social media blues » sont des souffrances actuelles menaçantes pour tous, et plus particulièrement pour ceux ayant choisi de vivre ailleurs.
 
Une distance et un départ devenus bien relatifs
      Les réseaux sociaux et les logiciels de communication permettent de maintenir un lien constant avec des proches plus ou moins éloignés. La distance physique ne signifie plus perdre contact avec son environnement social et familial. Nous pouvons continuer à assister en direct à des évènements ayant lieus à plusieurs milliers de kilomètres de nous. Nous pouvons échanger photos et vidéos, et même jouer en ligne quelque soit le lieu de résidence. Partir ne signifie plus être absent et exclu du cercle familial et amical. L’expatrié reste potentiellement joignable et disponible pour échanger par écrit, par images ou bien verbalement, parfois même davantage que lorsque la question de la distance ne se posait pas.
      Si la question de la séparation entre le proche et le lointain est devenue floue avec l’essor d’internet, celle qui dissocie espaces privés et espaces publics est devenue tout autant poreuse. Le monde extérieur pénètre le monde privé, et l’intime s’expose à un public plus ou moins étendu et familier. Même avant d’aller s’installer dans un nouveau pays, il est possible de s’informer sur la culture locale et d’établir les premiers contacts avec les locaux. Il est dorénavant facile de dévoiler aux yeux de tous son cadre de vie quotidien et son expérience internationale à travers des « posts » et des blogs. L’exploration du futur lieu de vie peut être anticipée en amont, l’espace quitté ne correspond plus à un lieu perdu, et le nouveau cadre de vie est aisément partagé avec ceux qui n’y sont pas.
 
La réalité virtuelle dans le monde professionnel
      Des activités professionnelles peuvent également nous suivre au gré des mutations. Ces carrières portables connaissent un grand succès auprès des communautés nomades, avec un essor encore plus important depuis les périodes de confinement liées à la pandémie. Elles permettent une logistique souple et aménageable, indépendamment d’un lieu géographique défini, nécessitant avant tout qu’une connexion internet soit adéquate. Les réunions et les meetings s’effectuent dorénavant couramment de façon virtuelle, avec des intervenants possiblement éparpillés à travers le monde. Même le recrutement ne requiert plus nécessairement la présence physique des postulants, ce qui facilite les recherches d’emplois internationaux. Mais le monde professionnel s’immisçant dans la sphère intime et privée accroît la difficulté de séparer temps de travail et temps personnel, rendant plus complexe les temps d’engagement, de disponibilité et de repos.
      L’émergence du « métavers » et des technologies immersives permettant la présence simultanée dans un espace virtuel de plusieurs participants localisés dans différentes régions du monde, interroge sur la nécessité dorénavant de s’expatrier. La dématérialisation de l’espace professionnel permet certes économie et flexibilité, mais elle risque de parasiter encore davantage l’espace personnel des employés reclus dans le télétravail, limiter les interactions sociales réelles, accroître l’isolement ou même créer des risques de cyberintimidation et de piratage. L’enquête du baromètre Expat Communication 2022 a soulevé la pertinente question de l’intérêt de l’expatriation en ces temps de boom du travail virtuel. Ce qui en ressort c’est l’importance de maintenir l’enrichissement humain, personnel, familial et culturel grâce à la migration réelle, avec une intégration locale qui se veut plus qualitative et des interactions sociales plus intéressantes.
 
Technostress
    Malgré les bénéfices apportés par les nouvelles technologies, un sentiment d’inadaptation au monde digital prend parallèlement corps, et pas uniquement pour les générations plus anciennes qui parfois se sentent dépassées, voire exclues. Le terme de technostress est apparu dans les années 80 pour définir l’anxiété causée par l’incapacité à faire face aux nouvelles technologies informatiques. Les causes en sont la surcharge, le poids, la complexité, l’insécurité et l’incertitude de l’outil informatique. La surcharge technologique provient de la présence de plus en plus omniprésente des outils informatisés dans notre quotidien. L’invasion technologique est liée à l’obligation de s’adapter constamment à ce besoin moderne, qu’on le veuille ou non. La complexité technologique nait de la pression à se conformer aux nouveautés et aux régulières mises à jour. L’insécurité technologique découle des doutes sur les capacite d’adaptation aux exigences techniques de plus en plus nombreuses. Enfin, l’incertitude technologique traduit la peur de l’inconnu quant aux futurs progrès technologiques. En dehors de notre relation à l’outil informatique, l’incapacité à différencier le vrai du faux dans le contenu des messages, ainsi que le flot d’informations reçus quotidiennement, alimentent davantage encore stress et anxiété.
 
L’illusion d’être partout à la fois
      Bien que le monde digital permette de garder des contacts à la fois ici et là-bas, il alimente aussi le fantasme de simultanéité. Le risque de vivre sous différents fuseaux horaires peut rapidement s’avérer exténuant pour les expatriés et peut entraver la qualité du sommeil. Une surconsommation des réseaux sociaux risque d’engager excessivement la personne dans le monde numérique au lieu de lui permettre de s’investir dans le monde réel que constitue son nouvel espace de vie. Découvrir un nouveau pays peut faire peur. Affronter les maladresses linguistiques et les difficultés de compréhension d’une nouvelle culture et d’une nouvelle langue peut être source de découragement. S’habituer à de nouvelles coutumes, à de nouvelles façons de faire et d’être peut s’avérer épuisant. Mais maintenir l’illusion d’un contrôle sur son quotidien, même digital, peut freiner l’intégration sociale et saboter une expérience migratoire source de développement personnel et de résilience.
      Le FOMO (Fear of Missing Out) ; l’angoisse de passer à côté de quelque chose d’important, et le « doomscrolling », cette façon de faire défiler les résultats sur son écran dans l’espoir d’y trouver une information aguichante, auraient également des effets néfastes sur la santé mentale, activant la production d’hormones de stress. Les alertes et notifications provenant des réseaux sociaux stimulent également le cerveau tout en l’épuisant, offrant des boosts de dopamine à la fois source de plaisir et de frustration, avec une recherche insatiable d’excitation.
     
Social Media blues
      L’utilisation massive des plateformes de réseaux sociaux est devenue support de socialisation, pourtant, un décalage peut s’instaurer entre celui qui poste et celui qui regarde. L’image présentée souvent idéalisée, induit fierté et plaisir pour celui qui s’expose, admiration et convoitise chez celui qui observe. Un sentiment de vide, d’incomplétude, de perte de sens, voire de désespoir peut naître des paillettes d’une publication pleine d’éclats, contrastant avec la probable banalité de la vie réelle. Les expatriés publiant des images de paysages époustouflants, témoignant de l’extraordinaire de vies locales pittoresques, voulant partager leur émerveillement face au différent et à l’inattendu, peuvent en retour obtenir incompréhension devant la complexité d’une situation exposée que de façon partielle. Les éventuelles crises de vie (perte d’emploi, maladies, deuils, séparations, etc.) peuvent provoquer honte, solitude et sentiment d’échec.
 
Comment combattre le technostress ?
      Afin de ne pas se perdre dans un excès de présence virtuelle, plusieurs comportements sont à valoriser. Premièrement, il est important de limiter une utilisation excessive de son téléphone portable et des réseaux sociaux. Par exemple, retirer son téléphone de sa chambre la nuit, ne pas consulter sa messagerie à table à l’heure du diner, ou retirer les alertes sonores des applications, permet de maintenir des temps où l’on décide délibérément d’être indisponible et de se mettre off line. Deuxièmement, privilégier des activités à l’extérieur de chez soi, que ce soit pour découvrir son monde environnant ou pour construire des interactions sociales réelles et locales, permet d’activer l’ensemble de nos sens et pas uniquement le visuel face à un écran. Même chez soi, s’investir dans des activités créatives et/ou manuelle permet de mettre son savoir-faire et son imagination en action. Enfin, se poser et s’interroger sur la place accordée aux outils technologiques dans notre quotidien permet de différencier la technologie positive qui facilite la vie à la technologie aliénante qui s’avère pour finir néfaste pour notre santé mentale.

Magdalena Zilveti Manasson
Article publié le 10 octobre 2022 sur le site www.expat-pro.com


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L’art thérapie; pour quoi et pour qui?

9/22/2022

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Les bénéfices à tout âge d’un accompagnement utilisant l’art comme thérapie

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L’art thérapie est une psychothérapie où la création artistique est au service du soin. Cette pratique s’appuie sur le processus créatif pour exprimer des émotions et des pensées aussi bien conscientes que inconscientes. Parfois les mots sont difficiles à trouver pour décrire un monde intérieur complexe où des sentiments divers et confus peuvent exister et créer des conflits psychiques. A travers la création d’un objet artistique, l’expression de ce qui se joue à l’intérieur de soi se réalise de façon plus métaphorique, symbolique et sensorielle, en externalisation des ressentis sans avoir à y mettre de mots, de réflexion ou même de justification.

Ce qu’est l’art-thérapie
La partie « art » de l’art-thérapie correspond à l’imagination et à la créativité au service du soin. L’utilisation de la couleur, des textures, des traits, des formes, de l’espace et des matières permettent l’expression individuelle et une communication unique. Il peut s’agir de réalisations faites de dessins, peintures, collages, sculptures, laine, tissus ou images qui peuvent être utilisées de façon complémentaire ou non, sur des supports plats ou en dimension, et qui peuvent être mises à profit d’une réalisation, d’une décomposition ou d’une altération. Par exemple on peut faire un portrait de soi avec des couleurs, des objets ou des collages, en décorant une boîte dans sa partie externe, offerte aux yeux des autres, et en positionnant dans la partie intérieure ce qui est de l’ordre de l’intime.

​La partie « thérapeutique » de l’art-thérapie se charge de l’exploration du monde interne qui se retrouve projetée sur un support externe, sous une forme plus ou moins imagée. Cette projection permet non seulement de visualiser et d’examiner cette représentation matérielle sous différents angles, mais aussi d’agir concrètement dessus, par exemple en la modifiant en fonction des envies, en l’améliorant en fonction des désirs, ou bien en la détruisant en fonction des pulsions. De cette façon, la valeur thérapeutique de certains objets réalisés lors des sessions de travail peut exister dans leur transformation ou leur destruction.

Ce que n’est pas l’art-thérapie
L’art créé lors d’une session d’art-thérapie n’a pas d’enjeu esthétique. Le produit artistique fini n’a pas fonction à être beau, décoratif, ni même à être exposé. C’est avant tout dans sa réalisation et en puisant dans les forces inconscientes, conscientes et imaginaires que s’effectue le travail de compréhension de soi. C’est le processus créatif qui permet d’entrer en connexion avec son monde émotionnel et affectif. Par exemple, un gribouillage produit par la force portée sur le crayon, dans un geste belliqueux, peut témoigner d’une émotion particulière, comme la violence ou la colère, ou bien une énergie débordante. La couleur choisie, la place du gribouillage sur la feuille et ce qui émerge du dessin sont autant d’informations qui peuvent être explorées durant la séance avec le thérapeute.

Les bénéfices de l’art-thérapie ?
Les bénéfices de l’art-thérapie sont nombreux. C’est un outil d’exploration et de compréhension de soi qui permet de questionner le passé, le présent et l’avenir. Elle contribue à réguler l’humeur, la respiration et permet de développer la concentration. Elle permet d’explorer des notions aussi complexes que l’amour, la liberté, le monde des rêves, le deuil, la spiritualité, l’espoir, les rêves, la vie ou la mort à travers des symboles et des métaphores.

L’art-thérapie est particulièrement recommandée pour les enfants qui ont du mal à exprimer verbalement leurs pensées, pour les adultes ayant vécu des traumatismes ou qui souffrent d’altérations cognitives, pour les personnes souffrant d’handicap ou de troubles addictifs, ou tout simplement pour tous ceux qui aiment puiser dans leur imagination pour mieux se comprendre.

L’art thérapie en séances individuelles ou de groupe
L’art thérapie peut se faire en séance individuelle, seul, ou bien en coopération avec le thérapeute. Il peut également se faire en groupe, chacun travaillant sur son objet personnel, ou bien en travaillant tous sur un objet commun qui évolue en fonction de la contribution de chacun.
 
"J'ai découvert que je pouvais dire des choses avec des couleurs et des formes que je ne pouvais pas dire autrement - des choses pour lesquelles je n'avais pas de mots." Georgia O'Keeffe

Magdalena Zilveti Manasson

​Septembre 2022

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ART THERAPY, FOR WHAT AND FOR WHOM?

9/19/2022

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The benefits at any age of art used as therapeutic

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Art therapy is a psychotherapy where artistic creations are made for the benefit of self-exploration and growth. This practice relies on the creative process to express conscious and unconscious thoughts and emotions. Sometimes words are hard to find to describe a complex inner world where conflicting feelings can exist and create psychic tension and imbalances. Through the creation of an object, what is inside oneself is externalized in a metaphorical, symbolic, and sensory way, without needing to add reflection or justification to it.

​What art therapy is
The “art” part of art therapy corresponds to imagination and creativity with the goal of releasing psychic tension and promote deeper self-awareness. The use of color, textures, lines, shapes, space, and materials allow individual expression and unique communication. It can be a creation made as a drawing, painting, collage, or sculpture using materials such as clay, wool, paint, or fabrics. Artistic creations can be used in a complementary way or not, on flat substrate or in 3-dimension form, which can be used for the sake of creation, alteration, or destruction. For example, one can make a portrait of oneself with colors, objects, or collages, by decorating a box on the outside for others to see, while saving the inside of the box for private emotions or for aspects that may be perceived as unacceptable to the self, world of society at large.

The “therapeutic” part of art therapy is responsible for exploring the internal world, which is projected onto an external medium, in a more or less pictorial form. This projection not only makes it possible to visualize and examine this material representation of the internal world from different angles, it also allows to act concretely on it, by modifying it or destroying it according to needs and desires. Thus, the therapeutic value of certain objects made during work sessions can exist in their transformation or destruction.

What art therapy is not
The art created during an art therapy session has no aesthetic value. The finished artistic product does not have the function of being beautiful, decorative, or with the purpose of being displayed. It is above all a process of self-exploration being carried out by images from the well of conscious and unconscious forces using one’s imagination. The creative process allows people to connect with their emotional affective world. For example, a scribble produced with force applied to the pencil, in a belligerent gesture, can testify to a particular strong emotion, such as violence, anger, or conversely overflowing energy. The colors chosen, the location of the scribble on the sheet and what seems to stand out from the scribble serves as information that can be explored during the session with the therapist.

The benefits of art therapy

The benefits of art therapy are numerous. Art-therapy is a practice facilitating exploration, self-understanding, and questioning of the past, present, and future. It helps regulate mood, breathing and increase concentration and relaxation. It allows for exploration of complex aspects of the human experience through the use of symbolization and metaphors by way of one’s imagination. Some of the topics explored can pertain to notions of love, mortality, spirituality, mourning, freedom, dreams, and hopes.

Art therapy is particularly recommended for children who have difficulty verbalizing their thoughts and feelings, for adults who have experienced trauma or who suffer from cognitive impairment, for people with disabilities or addictive disorders, or anyone with a desire to tap into their imagination to better understand themselves.


Art therapy in individual or group sessions
Art therapy can be done in individual sessions, alone, or in cooperation with the therapist. It can be done in a group, with each person working on their personal object, or by all working on a common object which can evolve according to the contribution of each group member.
 
“I found I could say things with color and shapes that I couldn’t say any other way - things I had no words for.” Georgia O’Keefe

Josee and Magdalena
​September, 2022

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Back to school in a new country

8/24/2022

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​Back to school in a new place, a new house, and a new country can cause many worries for both children and parents. When arriving in the new country, it is necessary to master the local language and all the cultural codes related to the new environment. When the start of the school year takes place immediately after migration, both the familiarity of the cultural environment and the routine of the daily life are not yet clearly established, limiting one’s sense of autonomy and agency.

Children may utilize various adaptation strategies, such as withdrawal, observation and analysis of the environment, social silence, or the opposite, an increased search for real or virtual social connections. These integration efforts can generate both positive and negative responses in them, such as surprise and pleasure, or frustration and misunderstanding. The latter can lead to regressive behaviors or mood swings.

Depending on the age and stage of psychosocial development, behavioral changes may appear that raise concerns.

During early childhood, a child will monitor the emotions conveyed by parents or siblings. If a child perceives fears or dissatisfaction, they, in-turn, can worry and will seek comfort within the family unit.

In elementary school, above all, children seek to invest in social interactions with their peers. The school becomes a major place for knowing oneself, others, and the rules of social life. The playground is like a relational experimental laboratory that helps children to socially adjust. However, when the start of the new school year takes place in a new living environment with unfamiliar language, communication difficulties, and misunderstandings of socio-cultural codes, the child may feel temporarily lost, frustrated, and isolated.

In middle school, the pre-teens see their bodies undergoing a transformation and their hormone levels shooting through the roof. When everything is changing both within and around oneself, a child may want to socially withdraw while seeking solace in virtual relationships that seem to be more stable, less direct, and in a world of fantasy they can control. A high school teenager approaching adulthood feels the pressure of having to quickly develop a sense of responsibility, autonomy, and relative ambition linked to a professional future. At the same time, teenagers face the prospect of final exams having serious impact and the possibility of pursuing higher education far from the family nest. To protect themselves against these stressors, teenagers can develop behaviors such as carelessness and apathy that might make parents or adults believe that they are indifferent.

To help the child integrate into their new school and their new country, the parent must comfort and understand the often-legitimate fears of the child. Parents can, thus, support their children by acknowledging the different issues specific to their children’s age and personality, while accepting the particularities of the local education system. A tripartite relationship should be established between the children, their parents, and the school environment, such that the children can develop their relationship with their peers, authority, and themselves. Parents may sometimes worry about the quality of the education of the school system in the host country, comparing it to the one they themselves have experienced in their home country. However, new factors, such as technological development, adaptation to another culture and possibly to a new language, make such comparison difficult. Faced with such changes, adults might transfer their stress to their children which could accentuate the children’s anxiety. For some, the culture shock in a local school can be too great and they might feel more reassured in a private educational structure with small class sizes, or in an international school which would allow them to maintain a comforting cultural and linguistic relationship.

Although adaptation may take some time, little by little parents and children will eventually integrate with the particularities of their new environments. However, parents should actively watch for both behavioral signs (irritability, aggressiveness, persistent melancholy, school rejection) and somatic signs (headaches, stomach aches, nightmares, loss of appetite) of strong anxiety in their children. By listening in a non-judgmental way, parents will be able to create a safe environment for their children to verbalize their feelings. To ease the pressure on the kids, it is a good idea to give them an opportunity to enjoy extra-curricular activities of their choosing and provide them with enough time to spend in their room relaxing. If, despite everything, the symptoms persist, it is preferable to consult a therapist with whom they will explore thoughts, emotions, and behaviors symbolically or metaphorically, allowing the child to reconnect with themselves, their strengths, and their personal resources.

​Magdalena Zilveti Manasson - August 2022


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Rentrée des classes dans un nouveau pays

8/23/2022

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Démarrer son année scolaire dans une nouvelle école, dans une nouvelle maison et dans une nouvelle région peut engendrer de nombreuses inquiétudes tant pour les enfants que pour les parents. En arrivant dans le nouveau pays, il est nécessaire de maîtriser la langue locale et tous les codes culturels liés au nouvel environnement. Quand la rentrée des classes a lieu immédiatement après l’installation de la famille, la familiarité du cadre socio-relationnel et de la routine de vie ne sont pas encore clairement établies, ce qui limite l’impression de pouvoir contrôler son quotidien.

​Les enfants peuvent mettre en place différentes stratégies d’adaptation comme le repli sur soi, l’investissement dans une attitude d’observation et d’analyse de l’environnement, le mutisme social ou au contraire une recherche accrue de connexions sociales réelles ou virtuelles. Ces efforts d’intégration peuvent engendrer chez eux à la fois surprise et plaisir mais aussi frustration et incompréhension, pouvant être à l’origine de comportements régressifs ou de sautes d’humeur.

En fonction de l’âge des enfants, des inquiétudes propres à leur développement psychosocial vont apparaître. Durant la petite enfance, le jeune enfant va surveiller les émotions véhiculées par les parents ou les frères et sœurs. S’il perçoit des craintes ou des insatisfactions chez ses proches, il peut s’inquiéter à son tour et chercher le réconfort au sein de la cellule familiale.

​A l’école élémentaire, l’enfant cherche avant tout à investir des interactions sociales auprès de ses pairs. L’école devient un lieu majeur pour la connaissance de soi, des autres et des règles de sociabilité. La cour de récréation s’apparente alors à un laboratoire expérimental relationnel qui aide les enfants à s’ajuster socialement. Toutefois, quand la rentrée a lieu dans un nouveau cadre de vie avec l’utilisation d’une langue non maîtrisée, des difficultés de communication et des incompréhensions des codes socioculturels peuvent se créer freinant les interactions sociales. L’enfant peut se sentir temporairement perdu, frustré et isolé.

Au collège, le préadolescent voit son corps commencer à se transformer et ses hormones s’affoler. Quand tout change à la fois en soi et autour de soi, avec un environnement scolaire et social nouveau, il ou elle peut vouloir se replier socialement tout en cherchant le réconfort dans des relations virtuelles qui semblent être plus stables, moins directes et fantasmatiquement contrôlables.

L’adolescent au lycée s’approchant de l’âge adulte ressent la pression de devoir développer rapidement un sens des responsabilités, une autonomie et une relative ambition liée à un avenir professionnel, mais aussi la perspective d’examens de fin d’études lourds de conséquences avec la poursuite éventuelle d’études supérieures loin du nid familial. Par réaction, le besoin de maintenir une part d’insouciance peut engendrer un comportement s’apparentant à de la désinvolture, de l’apathie, voire de la défiance.

​Pour aider l’enfant à bien s’intégrer dans sa nouvelle école et son nouveau pays, le parent doit réconforter et comprendre les craintes souvent légitimes de l’enfant. Les parents peuvent ainsi soutenir leurs enfants en comprenant les différents enjeux propres à leur âge et leur personnalité, tout en acceptant les particularités du système éducatif local. Une relation tripartite va s’instaurer entre l’enfant, ses parents et le cadre scolaire afin que les enfants puissent se développer dans la relation aux autres, la relation à l’autorité et la relation à soi. Certains parents s’inquiètent parfois de la qualité pédagogique du système scolaire existant dans le pays d’accueil, la comparant à celui qu’ils ont eux-mêmes connu dans le pays dont ils sont originaires. Or, des facteurs inédits rendent la comparaison difficile, comme l’évolution technologique, l’adaptation à une autre culture et éventuellement à une nouvelle langue. Face à la nouveauté, un transfert de stress des adultes sur leurs enfants peut parfois accentuer l'inquiétude. Pour certains, le choc culturel dans une école locale peut d’ailleurs être trop important et ils se sentiront davantage rassurés dans une structure éducative privée ayant des classes de petite taille ou bien dans une école française ou internationale permettant de maintenir un lien culturel et linguistique réconfortant.

L’adaptation peut prendre un certain temps, mais peu à peu parents et enfants intégreront les particularités de ce nouvel environnement. Les signes chez l’enfant qui témoignent d’une forte anxiété à laquelle il est nécessaire de prêter attention sont comportementaux (irritabilité, agressivité, mélancolie persistante, rejet scolaire) ou somatiques (maux de tête, maux de ventre, cauchemars, perte d’appétit). En accordant une écoute respectueuse et bienveillante à l’enfant, celui-ci pourra confier ses craintes afin de s’en décharger. Afin d’atténuer la pression, il est également judicieux de lui accorder des temps de détente à travers une activité extra-scolaire qu’il ou elle affectionne, et des temps où il pourra investir sa nouvelle chambre pour se relaxer. Si malgré tout, les symptômes persistent, il est préférable de consulter un thérapeute afin d’explorer les pensées, les émotions et les comportements de façon symbolique ou métaphorique, permettant à l’enfant de se reconnecter à soi, à ses forces et à ses ressources personnelles.

Magdalena Zilveti Manasson - Aout 2022

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